À la fin du mois de septembre dernier, un second confinement a été annoncé au Québec, afin de contrer une deuxième vague de la COVID-19. Cette annonce ne fut pas nécessairement une énorme surprise, mais il n’en demeure que cela eut un impact notable sur la santé mentale de la majorité.
En effet, selon un sondage effectué en juillet 2020 par l’Association d’étude canadienne (AEC), la possibilité d’une seconde vague et d’un deuxième confinement habitait déjà environ 80 % des esprits des Canadiens, et 40 % d’entre eux pensaient que cette vague serait pire que la première.
La situation actuelle de pandémie constitue une réalité bien particulière, inhabituelle. Les réactions à tous ces changements sont diverses et il est possible d’être affecté autant physiquement que psychologiquement. Dans un tel contexte, il est effectivement envisageable de vivre beaucoup de stress, d’anxiété, voire de la déprime (Gouvernement du Québec, 2020). Rappelons également que la période de l’automne et de l’hiver peuvent parfois faire survenir chez certaines personnes la « dépression saisonnière », un trouble affectif lié à une diminution de lumière du Soleil durant ces mois (Wirz-Justice et al., 2019).
Selon une enquête menée par l’Université de Sherbrooke (2020), la population québécoise se sentirait particulièrement secouée par la pandémie. Environ un adulte sur cinq aurait des symptômes compatibles avec un trouble d’anxiété généralisée ou une dépression majeure. Cette statistique serait plutôt d’un adulte sur quatre à Montréal, et de 37 % pour les adultes de 18 à 24 ans.
Selon un autre sondage, mené par l’Ordre des psychologues du Québec (OPQ) auprès de ses membres, environ 86 % des psychologues répondants remarquent une hausse de la détresse chez les gens qui les consultent, et ce, autant dans le réseau public que privé. La détresse observée se manifeste par davantage d’anxiété (86 %), des symptômes dépressifs (70 %), une hausse des demandes urgentes (67 %), une hausse de la consommation d’alcool et de drogues (46 %) et une augmentation des problèmes de concentration, de mémoire et d’attention (56 %). De plus, 70 % des psychologues répondants affirment avoir eu des retours d’anciens clients, dont l’état se serait fragilisé en raison de la pandémie (La Presse Canadienne, 2020).
La situation est de plus en plus inquiétante. Le gouvernement fédéral a annoncé en fin août une aide financière de 10 M$ destinée au soutien psychosocial des étudiants (Rémillard, 2020). Ce montant est destiné à l’ensemble du réseau postsecondaire. Cependant, la présidente de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) affirme que c’est bien peu pour le réseau d’enseignement supérieur complet. Selon madame Veilleux, ce serait même insuffisant pour répondre aux besoins en santé mentale actuels, puisque ceux-ci augmentent de manière exponentielle. Les problèmes en question, qui pourraient être réglés rapidement et simplement, semblent avoir tendance à s’aggraver avec les temps d’attente plus longs que jamais.
Selon la présidente de l’OPQ, Dre Christine Grou : «Nous avons un portrait de ce qui se passe dans leurs bureaux et j’ai bien peur que ce ne soit que la pointe de l’iceberg».
Présentement, le temps d’attente pour consulter un psychologue est de 6 à 24 mois dans le réseau public (Rémillard, 2020). Cela signifie que les personnes ayant fait une demande lors du premier confinement commencent à peine leur démarche, si elles ont la chance d’avoir le temps d’attente le plus court. Ainsi, il est bien apparent que le système présent est dans l’impossibilité de répondre au besoin d’aide substantiel. En plus de la situation actuelle de pandémie, nous sommes également en pleine saison de dépression saisonnière: les temps deviennent de plus en plus froids et sombres, et cela peut compromettre l’état de notre santé mentale.
Bien que la situation semble difficilement surmontable, il est important de se rappeler que tout cela aura une fin. Il faut prendre du recul, respirer, être indulgent envers soi et les autres.
Quelques conseils afin de prévenir l’apparition de symptômes liés au stress et se sentir mieux (Gouvernement du Québec, 2020)
Pour plus d’outils et de ressources pour une bonne santé émotionnelle, consultez le : https://www.santeestrie.qc.ca/soins-services/conseils-sante/infections-et-maladies-transmissibles/coronavirus-covid-19/covid-19-population/outils-et-ressources-pour-du-soutien-psychologique/.
Enfin, il demeure primordial de rester bien entouré. Il faut suivre les mesures de la santé publique concernant la distanciation sociale, mais il demeure tout aussi important de rester social, voire même plus qu’auparavant.
Il est de plus en plus probable qu’un vaccin efficace soit accessible, ce qui pourrait contribuer au retour à la normale. Commence-t-on réellement à voir la lumière au bout du tunnel?
Gouvernement du Québec (2020). Stress, anxiété et déprime associés à la maladie à coronavirus COVID-19. https://www.quebec.ca/sante/problemes-de-sante/a-z/coronavirus-2019/stress-anxiete-et-deprime-associes-a-la-maladie-a-coronavirus-covid-19/
L’anxiété et la dépression: Une deuxième catastrophe au Québec. (29 Septembre, 2020). Université de Sherbrooke. https://www.usherbrooke.ca/actualites/nouvelles/sante/sante-details/article/43540/
La Presse Canadienne. (28 octobre 2020). Sondage: Les psychologues du Québec rapportent une hausse de la détresse chez leurs patients. Le Droit. https://www.lesoleil.com/actualite/sante/sondage-les-psychologues-du-quebec-rapportent-une-hausse-de-la-detresse-chez-leurs-patients-1fd9df1ae1535786985a6ca2c2c63d56
Rémillard, R. (4 octobre 2020). En pleine pandémie, l’attente pour voir un psychologue est de 6 à 24 mois. Radio-Canada.ca. https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1741576/etudiants-cegeps-universites-sante-mentale-pandemie-covid19-quebec
Rémillard, R. (17 octobre 2020). La santé mentale des étudiants inquiète, les ressources tardent | Coronavirus. Radio-Canada.ca. https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1741576/etudiants-cegeps-universites-sante-mentale-pandemie-covid19-quebec
Wirz-Justice, A., Ajdacic, V., Rössler, W., Steinhausen, H.-C., & Angst, J. (2019). Prevalence of seasonal depression in a prospective cohort study. European Archives of Psychiatry and Clinical Neuroscience, 269(7), 833–839. https://doi.org/10.1007/s00406-018-0921-3